Air Captagon

  • Conflits et terrorisme
  • Politique

Air Captagon

  • 2015
  • 14 min

Deux tonnes de Captagon, la drogue du Moyen-Orient, découvertes dans l'avion d'un prince saoudien, ça fait mauvais genre...

  • Drogue
  • Djihadisme

Résumé

Ce jour-là, les stups libanais ont fait un très, très gros coup… Le 26 octobre 2015, ils interpellent dans un aéroport de Beyrouth, un prince saoudien en possession de 2 tonnes de Captagon, une amphétamine puissante qui inonde le Moyen-Orient. Une belle affaire pour la police libanaise mais une grosse patate chaude pour le gouvernement libanais. Car le prince en question n’est autre qu’Abdel Mohsin Al Saoud, membre de la famille royale saoudienne et petit fils du fondateur du royaume, allié régional et soutien financier du Liban. Une affaire qui jette la lumière sur le trafic de Captagon : une drogue massivement consommée en Arabie saoudite mais aussi par les djihadistes syriens qui financent une partie de leur guerre avec sa revente…

Ce 26 octobre 2015, les douaniers libanais de l’aéroport VIP de Beyrouth n’en reviennent pas. Après un séjour de 24 heures dans la capitale libanaise, le prince Abdel Mohsin Al Saoud s’apprête à monter dans son jet et se présente au contrôle de sécurité dans un état d’excitation et d’énervement tout à fait anormal. Il est visiblement sous l’emprise de stupéfiants et insulte tout le monde. Face à l’agressivité de son “altesse royale”, les douaniers, normalement peu tatillons avec ce genre de voyageur, décident de contrôler ses dizaines de valises et cartons estampillés du sceau de la famille royale saoudienne. À l’ouverture des bagages, ils doivent se pincer pour y croire. Ils découvrent 12 millions de pilules de Captagon d’une valeur estimée à 280 millions de dollars.

L’affaire fait la une des médias libanais. Par la suite, elle empoisonne le gouvernement du Liban. Outre le pedigree du prince, ce fait divers vient surtout perturber les relations diplomatiques avec le voisin saoudien qui finance à hauteur de 3 milliards de dollars l’armée libanaise. Ryad est un allié de premier plan pour Beyrouth. Pendant la crise financière, la monarchie pétrolière a injecté énormément d’argent dans la banque centrale pour sauver le pays de la banqueroute… Pas sûr que les Saoudiens continuent à mettre la main au portefeuille après cet épisode. Bref, les Libanais se serait bien passés des frasques de ce prince en goguette.

Cette affaire révèle aussi une facette de l’Arabie saoudite que ses dirigeants aimeraient bien cacher. Alors que le régime condamne à mort les consommateurs de drogue, le Captagon y est très largement consommé. Un vaste trafic alimente le royaume en petites pilules qui font oublier l’ennui, la peur, la fatigue et la faim. Pas vraiment compatible avec le rigorisme imposé à la population.

Un trafic qui part de Syrie. C’est dans ce pays que les cachets d’amphétamines sont fabriqués par des groupes jihadistes. Ces derniers s’en servent pour aller au combat mais aussi pour financer leur guerre. Le trafic rapporterait des milliards de dollars aux combattants qui fabriquent la drogue dans des laboratoires.. Avant la guerre, ces labos se trouvaient au Liban qui est désormais devenu une plaque tournante. Mais une partie de la drogue est consommée sur place par une jeunesse désœuvrée. Elle inonde également la Jordanie voisine.

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